Formations professionnelles pour les jeunes filles travailleuses domestiques

RD Congo

  • Accès: Niveau des familles et de communautés
  • Achèvement: Niveau des familles et de communautés
  • Transition: Secteur privé
  • Organisation: IDAY
  • Pays/Région: RD Congo (Kivu)
  • Période: depuis 2013
  • Partenaire local: Women and Children Protection (WCP)
  • Groupe cible: Jeunes filles travailleuses domestiques (16-25 ans)
RDC WCP © IDAY
© IDAY

Le réseau IDAY compte plusieurs initiatives de formation professionnelle de travailleurs domestiques, dont le centre de l’association Women and Children Protection (WCP), à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), spécialisé dans l’accueil et la formation des jeunes travailleuses domestiques.

La RDC est en effet très touchée par cette problématique et ces centres répondent à un besoin pressant de formation. C’est dans ce contexte, et inspiré par le centre de formation de l’association Convergence pour l’Autodéveloppement des Domestiques (CAD) au Burundi, que WCP propose depuis 2013 des formations professionnelles adaptées aux besoins des travailleuses domestiques. Ces formations sont organisées en plusieurs modules qui peuvent se combiner : alphabétisation, coupe-couture et art culinaire.

L’originalité des formations est multiple :

  • En amont, un important travail de sensibilisation est réalisé pour convaincre les employeurs de l’utilité d’une telle formation.
  • Les horaires des cours sont adaptés de manière à ce que la jeune travailleuse domestique puisse garder son emploi – en général 2 à 3 heures par jour.
  • Les jeunes filles sont formées dans l’emploi qu’elles occupent actuellement. L’adéquation formation – emploi est donc résolue dès le départ !
  • Grâce à des activités génératrices de revenus, le centre de formation est aujourd’hui auto-suffisant. La participation financière de chaque apprenant est limitée à 0.5$/trimestre. Ce montant est parfois même pris en charge par l’employeur lui-même, après avoir été convaincu des bénéficies de la formation.

Bien que la formation soit dite « informelle », elle est reconnue par les autorités locales, qui délivrent elles-mêmes le certificat de formation au cours d’une cérémonie officielle. Par ailleurs, et dans le cadre de la coalition IDAY-Kivu/RDC, le WCP réalise également un important travail de plaidoyer auprès des autorités pour mettre en place des mesures de protection des travailleuses domestiques.

A long terme, l’objectif d’IDAY et de ses partenaires est de pouvoir développer un curriculum national en « travail domestique », qui contiendrait des modules d’alphabétisation, art culinaire, hygiène, soins des enfants, premiers secours, politesse, accueil des invités, etc. La création d’une tel curriculum permettrait de professionnaliser le métier et donc d’offrir un cadre plus protecteur pour les jeunes filles travailleuses domestiques.

Témoignage

Bitu (23 ans), Cité d’Uvira

© IDAY
© IDAY

« J’ai commencé le travail domestique suite à la situation financière de la famille. J’ai commencé au début de 2015. J’ai trouvé un employeur à travers mes amis. A travers mon travail de ménage, auparavant, je gagnais quelque chose pour m’aider à payer les habits ou d’autres choses. Je lavais les habits, préparais la nourriture, faisais le ménage, …. Mais mon employeur était très méchant, il m’injuriait, me disait que j’étais sale, que je m’occupais mal des enfants. J’ai décidé de continuer en pensant que mon employeur pourrait changer son comportement. A cause des injures, j’ai décidé de chercher un centre pour suivre une formation, mais mon employeur ne voulait pas. Peu après, un autre domestique de mon employeur m’a dit qu’il avait suivi une formation en art culinaire. Le patron a alors été sensibilisé par cette histoire, et il a accepté que je suive la formation. J’ai choisi la formation en coupe couture. A travers la formation, je parviens à coudre quelques habits, selon les modèles appris. Je voudrais tellement que les employeurs me prennent en considération.

Aujourd’hui je travaille encore comme domestique. Je suis libre les avant-midis pour faire le ménage et l’après-midi, je vais à la formation. Mon employeur m’encourage de continuer car il voit les résultats. Les enfants déchirent souvent leurs habits, et je peux maintenant les réparer. Je répare aussi les vêtements de la maman. Depuis que je suis la formation, mon employeur a arrêté de m’injurier, de m’intimider. La relation s’est améliorée car il voit que je deviens meilleure. Aussi, on a reçu les flyers de sensibilisation et il les a lus. Il a compris que j’avais des droits et qu’il devait les respecter. Il comprend maintenant que même un travailleur domestique a le droit de réclamer ses droits. »