Recommandations de l'étude "Enhancing the contribution of the Belgian TVET programmes to girls’ empowerment"

Les six recommandations reprises ci-dessous sont fondamentales si l’on vise l’autonomie des femmes et des filles grâce aux programmes EFTP :

1. Investir dans ces trois phases : Accès, Achèvement et Transition

Il est primordial d’agir simultanément sur ces trois phases afin d’assurer l’accès des filles et des femmes aux programmes EFTP, l’achèvement de leur formation et une transition (fluide) vers des opportunités de travail décent.

En agissant uniquement sur une des trois phases, on ne pourra atteindre pleinement les objectifs fixés : il n’y aura jamais une motivation suffisante pour investir dans l’éducation des filles si elles ont moins de chance de terminer leurs études et/ou si l’investissement dans leur éducation n’aboutit pas à une opportunité de travail décent avec une rémunération adéquate à la clé.

2. Focus sur la pauvreté et la sécurité

Il est prouvé que la pauvreté est la cause principale du décrochage scolaire chez les jeunes gens, et spécialement les jeunes filles. Il faut envisager d’étendre les incitants financiers spécifiques afin d’accroître l’accès et la participation des filles aux programmes EFTP.

La sécurité est un autre facteur important. Elle est associée à la violence liée au genre qui à son tour est liée à l’attitude et au comportement des personnes. La sécurité (perçue) à l’école ou sur le lieu de la formation – ou le manque de sécurité – est un élément très important pour les parents lorsqu’ils décident d’envoyer leur fille à l’école (ou non), et il en va de même pour les jeunes filles et les femmes quand elles songent à commencer ou terminer leurs études.

Tous les programmes EFTP devraient donc faire de la sécurité une priorité, et prendre des mesures à différents niveaux pour y remédier.

3. Travailler à un changement de mentalité

Promouvoir l’égalité et le traitement équitable des hommes et des femmes signifie qu’il faut changer durablement les mentalités et ce, à tous les niveaux – communautés, écoles, gouvernements, etc.

L’autonomisation des filles et des femmes implique que les communautés considèrent la femme comme l’égale de l’homme dans le foyer, la communauté, au travail et dans la société. Elles doivent être reconnues comme des actrices importantes capables de contribuer au développement de la société et ce, grâce à leurs connaissances, leurs moyens financiers, leurs relations...

En tant qu’actrices du développement, pour pouvoir relever ces défis et affronter la résistance, elles doivent chercher du soutien dans la société civile et l’investir. Il est impossible d’œuvrer à un revirement fondamental au niveau des convictions sans avoir foi dans la communauté, dans les directions d’écoles, l’équipe scolaire... Cela suppose de s’engager sur le long terme et/ou de collaborer avec de nombreux partenaires stratégiques.

Les programmes EFTP visant l’autonomisation des filles doivent inclure des mesures visant un changement des mentalités et l’autonomisation des communautés quant à leurs actions, les ressources qu’elles utilisent et les résultats qu’elles veulent atteindre. 

4. Importance de l’éducation non formelle

Les avantages des initiatives EFTP non formelles pour les filles et les jeunes femmes, (proximité du foyer, durée limitée des cours, gratuité, etc.) soulignent l’importance qu’il faut accorder à l’offre et à la valorisation de ces formations.

Cependant, il est tout aussi essentiel de viser une formalisation de l’EFTP non formel et d’obtenir une reconnaissance officielle de ce type de formation, avec par exemple l’obtention d’un diplôme ou, à tout le moins, d’un certificat. Cela augmentera les chances des étudiants de trouver des emplois stables et bien rémunérés ou d’obtenir un crédit pour ceux qui se lancent dans l’auto-emploi.

Il faudra aussi faire des efforts pour créer des interconnections (« passerelles ») entre les programmes EFTP non formels et formels. Cela facilitera le passage pour les filles (et les garçons) de l’un à l’autre.

5. L’autonomisation pour choisir et avoir le choix

Les écoles qui veulent promouvoir l’égalité des genres doivent diversifier leur offre et informer les étudiants potentiels et leurs parents des avantages et des inconvénients de toutes les options en termes de métiers et de carrières, pour que les filles (et les garçons) puissent faire des choix avisés, indépendamment des traditionnels clichés « métiers pour homme » ou « métiers pour femmes ».

Elles devraient aussi investir dans activités qui facilitent la transition de la formation à l’emploi, en organisant des stages dans des sociétés, des ateliers ou dans les départements de production des écoles. Ces départements peuvent fournir un environnement plus sûr aux filles en apprentissage mais ne doivent pas être considérés comme une fin en soi.

Un autre facteur d’autonomisation important est l’accès des filles à un travail décent. Les filles doivent impérativement renforcer leur potentiel afin qu’elles puissent être capables d’analyser des situations, de se sentir sûres d’elles pour ne pas accepter des conditions de travail inappropriées et des comportements déplacés, et de faire des choix basés sur leurs propres valeurs.

6. Nécessité d’une approche holistique

Pour obtenir un changement durable, certaines pratiques doivent être soutenues par une vision de l’autonomisation et par des moyens adéquats : connaissance des genres, motivation, outils appropriés et soutien financier (voir INTRAC triangle). Le contexte – qu’il soit favorable ou non – influencera lui aussi l’efficacité des pratiques, visions et moyens.

C’est pourquoi, tous les acteurs du développement doivent s’assurer que

  • toutes les pratiques œuvrant à l’autonomisation des filles sont soutenues par les politiques des ONG, des gouvernements, des institutions et des écoles ; (
  • les connaissances et les moyens sont disponibles ; et que
  • l’équipe est convaincue de l’importance de l’égalité des genres.